Contexte
- Les dommages les plus courants causés par les inondations côtières concernent les fondations, le sous-sol et les niveaux inférieurs d’un bâtiment. Dans la phase de conception de votre projet, réfléchissez attentivement à l’emplacement des infrastructures permanentes du bâtiment, telles que les systèmes électriques, mécaniques (HVAC, par exemple) et autres. Lorsqu’un bâtiment est inondé au niveau du rez-de-chaussée et que ses fondations sont endommagées, les dommages sont exacerbés. Si le projet nécessite de stocker un grand volume d’actifs de valeur (entrepôt, installation de production, par exemple), examinez l’impact sur les activités et les pertes financières potentielles qu’aurait une inondation côtière.
- Les risques d’inondation côtière sont définis par le niveau et la vitesse d’écoulement de l’eau. Le niveau de l’eau détermine la proportion du bâtiment à partir du sol risquant de subir des dommages potentiels. La vitesse de l’eau est bien souvent peu, voire pas du tout, prise en compte, alors qu’elle est souvent responsable de dommages aussi importants voire pires que le seul contact avec l’eau. Comme pour le vent, les eaux de crue qui se déplacent rapidement peuvent transporter des débris importants et lourds qui, lors de l’impact, peuvent causer des dommages physiques directs. Les boues charriées par le courant peuvent pénétrer dans l’enveloppe du bâtiment et entraîner des coûts de nettoyage élevés. Pour tenir compte de ces risques, évaluez l’utilisation des sols dans la zone et l’éventuelle mise en valeur des terres à proximité de la zone de votre projet.
- Un cyclone intense ou autre événement météorologique peut provoquer des pluies torrentielles et des orages violents accompagnés de vents forts provoqués par une tornade Lorsque ces pluies se conjuguent à des ondes de tempête côtières, les conséquences peuvent être catastrophiques. Bien souvent, les bâtiments endommagés par une inondation côtière sont également endommagés par le vent. L’eau entraînée par des vents de force ouragan peut pénétrer dans un bâtiment par des ouvertures qui sont normalement hermétiquement fermées, et la pluie qui pénètre par un toit endommagé peut causer des dégâts à l’intérieur du bâtiment et, dans certains cas, l’exposer à des agents pathogènes dangereux transmis par l’eau (par exemple, la moisissure). Il convient d'aborder la planification dans une perspective globale, en tenant compte de toutes les sources de dommages, et en particulier de celles liées à la pénétration de l'eau dans l’enveloppe du bâtiment.
Les risques de dégâts causés par l'eau vont de pair avec les dangers que pose la prolifération des moisissures pour la santé. Après une inondation côtière, il importe de dresser un plan d'intervention prévoyant une inspection rapide et des interventions visant à prévenir d'autres dommages et complications. L'eau d'inondation transporte des contaminants — par exemple, hydrocarbures, pesticides, bactéries et métaux lourds. N’oubliez pas non plus que certains matériaux de finition (par exemple, moquettes) ont tendance à retenir l'humidité et à moisir dans les jours ou les semaines qui suivent une inondation, posant ainsi de sérieux risques pour la santé des habitants qui réintègrent trop rapidement leur logement. Au-delà des exigences de base de votre projet, songez également au choix des matériaux de construction et de finition dans une perspective d'atténuation des risques.
Notez que les inondations côtières ne sont pas la seule cause des dommages physiques directs causés par les cyclones tropicaux et d'autres événements climatiques. Par exemple, les débris charriés par le vent peuvent accroître les dommages causés à une structure déjà fragilisée par l'eau au niveau du sol. D'autres dommages peuvent être causés par les fortes précipitations et l’inondation subséquente des terres intérieures, en particulier lorsque les toitures ou les fenêtres et les autres ouvertures sont déjà endommagés par les débris charriés par le vent. La prise en compte de l'ensemble des aléas climatiques aux étapes de la conception et de la planification de votre projet permet d'assurer une gestion efficace des risques.
Atténuation des risques
- À chaque étape du projet, de la conception à la construction, songez à l'ensemble des stratégies qui permettront d'atténuer les risques d'inondations côtières causées par les cyclones et les autres événements climatiques. Mettez en regard le coût des mesures d’atténuation et les économies qui seront réalisées à long terme grâce à des dommages moindres et à des coûts de réparation et de remplacement plus faibles.
- Il convient d’obtenir des informations supplémentaires détaillées afin de bien prendre en compte le niveau de risque que posent d'autres aléas liés aux cyclones et autres événements climatiques. Veillez à consulter l'évaluation ThinkHazard! concernant les risques connexes dans cette région : vents cycloniques, crues et glissements de terrain. Rappelez-vous que le vent peut exercer une pression sur les éléments structurels des bâtiments (y compris sur les fondations) et les exposer ainsi à un risque plus grand d'inondation.
En ce qui concerne le coût de remplacement, les sous-sols, les niveaux inférieurs du bâtiment et ses fondations peuvent subir de lourds dommages et présentent de ce point de vue la même importance que les matériaux utilisés pour les toitures, les murs et les liens entre bâtiments. La solidité des fondations influe sur la résistance d'un bâtiment aux inondations côtières. Des fondations étanches et bien remblayées tendent à offrir la plus grande résistance.
– Consultez les codes nationaux du bâtiment concernant les inondations côtières dans la zone du projet. Vérifiez aussi auprès des autorités locales si les codes de construction locaux prévalent sur les codes nationaux, en particulier le long des côtes où la combinaison des inondations côtières et des vents cycloniques puissants pose le plus de risques. Soyez conscients des exigences des codes nationaux et locaux du bâtiment relatives aux risques d’inondations côtières ; une telle précaution pourrait réduire considérablement vos pertes futures.
- Commencez par consulter des organismes reconnus en matière de codes de construction, tels que l’ICC (International Code Council), pour accéder aux normes de construction commerciale et résidentielle (ICC/IRC) concernant votre projet.
- Ensuite, déterminez si votre région a adopté des codes internationaux ou les a modifiés localement. Consultez les services de planification de la juridiction dont vous dépendez afin d’obtenir les informations les plus récentes sur les codes de construction. Informez-vous sur les changements récents éventuellement apportés aux codes de construction. En effet, bien souvent, ces codes sont révisés après la survenue d’un phénomène naturel qui a compromis des projets similaires au vôtre.
- Si le pays concerné ne dispose pas de directives sur la conception des structures, renseignez-vous sur les pratiques en vigueur dans d'autres pays exposés à des aléas comparables, ou étudiez les normes internationales.
- Contactez d’autres organisations qui peuvent disposer d’informations supplémentaires sur le risque d’inondation (agence météorologique, conseil national de recherche, associations d’ingénieurs, etc.).
- Examinez les procès-verbaux des réunions du conseil municipal et de la commission de planification : ils contiennent souvent des informations utiles sur les meilleures pratiques et sur les nouvelles stratégies d’atténuation.
Une stratégie complète de gestion du risque doit prendre en comte les dispositions de l’International Property Maintenance Code (IPMC) pour assurer la résistance à long terme du projet aux dégâts provoqués par les inondations. Prévoyez un entretien adéquat après la construction.
- Dans les zones à haut risque voisines de la côte, tenez rigoureusement compte de la hauteur d'eau de référence. En construisant le rez-de-chaussée à seulement 0,3 mètre au-dessus de cette altitude, on peut réduire de 50 % le risque global d'inondation. Songez aussi à hausser les murs de fondation et à recourir à d'autres moyens de protection de la structure du bâtiment et de son contenu.
– Portez attention à la construction des fondations dès l'étape de la conception et choisissez des matériaux de haute qualité. Les mesures les plus importantes à appliquer pour limiter les dégâts provoqués par les inondations ont trait aux fondations et à leur renforcement, ainsi qu'aux liens avec la structure principale et à l'utilisation prévue du sous-sol et des niveaux inférieurs.
– Il convient de distinguer les inondations côtières des crues (à l'intérieur des terres). Par exemple, une mesure structurelle d’atténuation des risques communément utilisée pour les crues consiste à utiliser des semelles de fondation en béton armé et des pilastres. Cependant, les pilastres ne conviennent pas pour la protection contre les inondations côtières puisqu'ils résistent mal aux pressions exercées par les tempêtes côtières. La plupart des stratégies efficaces de protection contre les inondations côtières prennent en compte la source et la direction dominante du débit d’eau.
– Dans les zones à très haut risque, songez à opter pour une structure mobile. Le cas échéant, le déplacement temporaire d'un bâtiment offre la meilleure protection contre les risques d'inondation côtière. Dans de tels cas, consultez les autorités locales pour en savoir plus sur la sécurité du rétablissement des bâtiments dans leur lieu d'origine et sur les exigences structurelles à respecter en cette matière.
– Soyez prévoyant et planifier les mesures à prendre pour faire face aux répercussions d'une inondation côtière. Au fil du temps, les inondations peuvent provoquer une érosion importante des plages, même si elles n'endommagent pas les bâtiments qui s'y trouvent. Elles peuvent cependant conduire à une aggravation non négligeable du risque latent (caché). Surveillez attentivement la progression de l'érosion des rives dans le cadre du calendrier normal d'entretien de votre projet. Il peut arriver qu'un bâtiment soit menacé d'effondrement même en l'absence d'inondation.
– Dans le cadre de votre stratégie d'entretien à long terme, éliminez les petits arbres et les branches qui risquent de s'arracher pendant une inondation et de menacer l'intégrité du bâtiment. Repérez et réparez les composantes endommagées ou détachées — par exemple, revêtements, soffites, rives de toit, bardeaux et matériaux de couverture, briques et structures en saillie comme les cheminées — qui risquent d'être emportés par l'eau ou par le vent.